Session Overview |
Tuesday, June 04 |
11:00 |
Ensemble et séparément : vieillir dans une tour de 30 étages
* Audrey Courbebaisse, UCLouvain, Belgium Nous nous intéressons au vieillissement de la communauté résidentielle de la tour Martin Luther King, une tour de 30 niveaux située dans le quartier Marius Renard dans la seconde couronne urbaine de l'est bruxellois. Construite dans les années 1960-70 par la promotion immobilière privée pour la classe moyenne belge, elle se caractérise alors par une certaine homogénéité d’âge, de classe et de parcours résidentiel de ses habitant·es et des espaces collectifs soutenant la vie communautaire dans un quartier relativement peu urbanisé. À partir des années 2000, le vieillissement et le renouvellement d’une partie de la population entrainent l’installation de services et de réseaux de soins et d’initiatives sociales destinés aux sénior·es, faisant ainsi muter les usages et les espaces du quartier. Du fait de ces changements, nous faisons l’hypothèse du passage d’une communauté résidentielle réunie, entre autres, autour de l’histoire du quartier, la densité bâtie singulière et les espaces communs de la tour, à une communauté de soins spatialement plus éclatée. À partir d’une immersion ethnographique au cœur du quartier de la tour MLK, nous tentons de comprendre l’impact et le rôle des formes urbaines et bâties dans le quotidien des personnes âgées en milieu urbain et de montrer comment les personnes âgées s’accommodent de la rencontre entre deux systèmes de soin, l’un symbolique et informel avec l’entraide, la coveillance des ancien·nes habitant·es et/ou de réseaux amicaux et familiaux et l’autre institutionnalisé, visible mais éclaté dans l’espace public. |
11:20 |
Les locataires âgés : destinataires, clients ou partenaires des bailleurs sociaux ?
* Marion Ille-Roussel, Tokyo University Metropolitain, Japan Depuis une vingtaine d’années les bailleurs sociaux et publics européens prennent, petit à petit, conscience du vieillissement de la population et des possibles répercussions sur leurs activités et la relation bailleur-locataires. Les locataires âgés peuvent loger depuis des décennies dans le parc ne voulant pas déménager, ne pouvant pas déménager ou y avoir emménagé récemment. Ce phénomène interroge les pratiques des bailleurs sociaux, les acteurs de ce segment d’habitat réservé aux personnes aux ressources limitées (Czischke 2009; Van Sparrentak 2020) et régulé par de nombreuses normes. Le logement social est considéré comme une protection de l’État social, un bien public que les locataires doivent mériter (Dietrich-Ragon 2013). Ils sont poussés à se responsabiliser, s’assurer de la bonne tenue de leur logement et à s’intégrer à leur environnement (Marchal 2004; Dietrich-Ragon 2013). Les bailleurs sociaux français, anglais et allemands défendent une vision paternaliste, éducative et interventionniste de leur travail (Marchal 2004; Sellier 1998; Bresson 2019). Les discours majoritaires sur la vieillesse trouvent écho à l’imaginaire du secteur social (Argoud, Bresson, et Jetté 2022). Les bailleurs sociaux, au contact avec les acteurs de la vieillesse et du secteur social, adoptent les concepts de vieillesse active et de vulnérabilité des personnes vieillissantes due au risque d’isolement (Enßle et Helbrecht 2021; Backes et Clemens 2013). Ainsi, les différentes formes d’activation et de participation des locataires âgés mises en place par les bailleurs sociaux en France, Allemagne et Angleterre traduisent de leurs perceptions de la vieillesse et de la place attribuée aux personnes vieillissantes dans les quartiers. Les locataires âgés restent majoritairement perçus comme des personnes vulnérables et destinataires de services. En lien avec le développement du nouveau management public au sein des organismes, ils passent de bénéficiaires à clients de ces services d’animations et d’accompagnement. Ils sont, toutefois, de plus en plus appelés à participer à la vie de la résidence sur des questions liées au vieillissement. Les résultats présentés sont issus d’une enquête auprès d’une quinzaine de bailleurs sociaux et acteurs locaux de l’habitat et du vieillissement dans le Département du Nord, la métropole de la Ruhr et Greater Manchester. |
11:40 |
Vieillir en institution au temps du Covid. Entre continuité et rupture
* Sylvie Carbonnelle, Université Libre de Bruxelles et CDCS asbl, Belgium Les institutions d'accueil et d'hébergement pour personnes âgées - dénommées Maisons de repos (et de soins) en Belgique francophone - ont été fortement éprouvées durant l'épidémie de Covid, situation inédite en raison de sa gravité et de sa complexité. Ce secteur a particulièrement souffert et a connu de profonds bouleversements. Si quelques études ont tenté d'apporter un éclairage sur la situation de l'accompagnement et des soins dans ce contexte épidémique, aucune ne s'était encore focalisée sur le vécu des principaux acteurs concernés, à savoir les professionnels, les résidents/habitants et leurs proches. L'exposé proposé présentera les résultats du volet d'une étude qualitative (menées par entretiens) portant spécifiquement sur les résident.e.s de ces maisons de repos (et de soins) en région bruxelloise. Leur expérience de la crise se révèle fortement contrastée. Ainsi, si une première figure se dégage sous la forme d'une accommodation à la situation, conjuguée à une relativisation de l'épreuve, affichant un continuum avec la vie institutionnelle antérieure, une seconde figure apparaît dominée par un sentiment de perte d'allant, de fatigue, par un amoindrissement de l'impulsion vitale. Enfin, une troisième figure concentre un sentiment de déstabilisation de l'existence, de rupture d'équilibre et une modification du rapport au monde dont le souhait d'"en finir", expliqués par les privations et limitations trop longtemps endurées de la liberté d'action. |
12:00 |
Impliquer les bénéficiaires/habitants dans la construction d'un futur établissement d'hébergement. Intérêts et limites de l'exercice
* David Favre, Fondation Saphir, Switzerland * Aurélie Chopard-dit-Jean, Fondation Saphir, Switzerland En 2018, la Fondation Saphir a opéré une réorientation stratégique notamment en établissement médico-social (EMS) en plaçant l’accent sur les prestations plutôt que sur une logique gestionnaire. Il s’agissait dès lors de procéder à un réel changement de paradigme en développant un guide de principes et pratiques dans le cadre d’AEDIS, un modèle innovant d’accompagnement centré sur les personnes. Ce dernier ambitionne de développer un sentiment de « comme à la maison » en conciliant qualité de vie, liberté d’être et approche médicalisée. Le modèle d’accompagnement questionne et réinvente nos prestations et services pour favoriser l'autonomie décisionnelle et l’indépendance des personnes tout en créant un environnement de vie adapté et sécurisant. En rompant avec les schémas existants, le modèle AEDIS accorde une place centrale aux besoins individuels et singuliers des personnes dans toutes les sphères de leur vie quotidienne. Nous remettons en question notre rôle de "sachant à la place de" et repensons nos structures organisationnelles pour donner la voix aux personnes concernées, et cela afin de les inclure directement dans la création des dispositifs d’accompagnement qui les concernent. Un des trois piliers de ce modèle est de créer un « environnement domiciliaire » où l’aspect médicalisé de l’environnement tend à s’effacer, et implique de considérer les bénéficiaires comme de réels habitants du lieu de vie. En ce sens, une remise en question de nos réflexes institutionnels est de mise et doit pouvoir être intégrée dans des processus aussi réglementés et protocolés que le concours architectural et la construction d’un nouvel établissement. A titre d’exemple, nous présenterons les étapes clés d’intégration des habitants dans un projet de construction d’un EMS et la manière dont les habitants et leurs proches ont été associés à sa conception. Nous échangerons sur les réussites et ce qui a pu être réalisé mais aussi les difficultés rencontrées ainsi que les limites de cet exercice. |