Session Overview |
Tuesday, June 04 |
11:00 |
La co-construction des politiques menées en direction des aîné.es en France et au Québec
* Dominique Argoud, Université Paris Est Créteil, France Cette contribution est une présentation d’une partie des résultats d’une recherche franco-québécoise ANR-FRQSC coordonnée par Christian Jetté et Maryse Bresson et centrées sur l’analyse des formes innovantes de co-construction des politiques publiques et de leurs incidences sur les dynamiques de professionnalités et de besoins dans les services de soutien à domicile auprès des aînés. La co-construction est en effet devenue aujourd’hui un passage obligé de l’élaboration de l’action publique dans le but d’impliquer l’ensemble des parties prenantes, dont les personnes concernées, dans un contexte de crise de la démocratie représentative. Aussi, en relation avec l’appel à contributions du REIACTIS, la co-construction constitue potentiellement un vecteur pour engager les acteurs dans les transformations sociales et spatiales souhaitées. En théorie, la co-construction induit un processus remettant en cause l’imposition d’un cadre normatif top down éloigné des acteurs et des singularités locales. Dans une perspective néo-institutionnaliste, notre recherche a donc visé à questionner les pratiques réelles de co-construction en France et au Québec dans le champ du soutien aux aînés. La particularité de cette recherche est d’avoir réalisé une analyse à différents niveaux territoriaux, national et local. Une centaine d’entretiens menés aussi bien auprès des acteurs administratifs que des acteurs professionnels, en France et au Québec ont permis d’analyser la manière dont les circuits décisionnels et définitionnels étaient reconfigurés – pour tenir compte – ou non – des besoins de la population âgée et de leurs proches aidants. Nous présenterons donc les évolutions qui affectent aujourd’hui les processus d’élaboration de la politique menée en direction des aîné.es, en tenant compte les spécificités liées à la structure même du système sanitaire et social de chacun des deux pays. Cela nous conduira préalablement à préciser que tous les processus partenariaux ne correspondent pas à des formes de co-construction et qu’il convient d’explorer le sens de termes contigus que sont notamment la co-production et la co-ordination. Les figures prises par ces processus témoignent de la mise en œuvre de certaines conceptions de l’action publique, et selon leur configuration, elles ont révélé des espaces d’autonomie et des marges de manœuvre plus ou moins grandes pour les acteurs dans l’organisation et les modes de dispensation des services. |
11:20 |
Politiques publiques et porosité des frontières entre travail professionnel et familial auprès des vieilles personnes
* Annie Dussuet, Centre Nantais de Sociologie (CENS - UMR 6025) Nantes Université, France En France, la préférence consensuelle pour le maintien à domicile des vieilles personnes « le plus longtemps possible » a conduit à la loi de 2015 « Adaptation de la Société au Vieillissement » (ASV), revalorisant l’Allocation Personnalisée pour l’Autonomie (APA), principale source de financement des services d’aide et d’accompagnement à domicile (SAAD), et affirmant un « droit au répit » pour les « proches aidants ». Pourtant, près d’une décennie plus tard, la précarité de l’emploi dans l’aide à domicile et l’« épuisement des aidant.es » restent d’actualité. À partir des enquêtes de terrain du programme ANR PROFAM, on s’interrogera sur cet échec et sur le rôle joué par les pouvoirs publics, nationaux et locaux et par le secteur associatif, acteur historique de ce secteur. On verra comment la professionnalisation des salariées amorcée depuis les années 1980 par les SAAD associatifs se heurte à des difficultés récurrentes de financement, entraînant une dégradation des conditions de travail. L’organisation du travail de care sur un mode industriel, centré sur les « actes essentiels » à la vie biologique évacue les dimensions relationnelles du travail, empêchant les salariées de lui trouver du sens. On s’intéressera ensuite aux services, le plus souvent associatifs, présentés comme « aide aux aidants », à forte composante relationnelle. Des cadres spécifiques de régulation du travail, plus informels, y ont été élaborés, grâce à des « bricolages » normatifs et apparaissent paradoxalement, à la fois attrayants et précaires, attirant des travailleuses, en quête d’une réorientation de leur carrière et d’une réappropriation de leur travail. Pourtant le cadre plus informel de ce travail, la similitude des gestes avec ceux du travail familial non rémunéré, et sa faible matérialité entraînent un déni du travail, et une dévalorisation due au système normatif en jeu, brouillant les frontières entre travail professionnel et familial. Ces cadres de travail, sont ainsi porteurs de risques, notamment psycho-sociaux et introduisent de facto une concurrence entre modes d’exercice du care plus ou moins formalisés. |
11:40 |
L'interculturel comme outil de formation des professionnels de la gérontologie : les réalités et les défis du vieillissement pluriel au Chili et au Québec
* Dolores Majón-Valpuesta, Université de Sherbrooke, Canada Pastor Cea-Merino, Universidad de Aysén, Chile Mélanie Levasseur, Université de Sherbrooke Introduction. En 2050, les personnes ainées représenteront 27 % au Québec et 25 % au Chili. La pandémie (COVID 19) a mis en évidence l’importance de renforcer les services des professionnels œuvrant en gérontologie. Le manque de ceux-ci dans la région d’Aysén (Chili) représente un défi pour ses institutions, alors que le Québec bénéficie de l’expérience de deux centres de recherche pionniers sur le vieillissement. Compte tenu de ces inégalités entre les deux territoires, l’apprentissage interculturel peut aider les professionnels en gérontologie à acquérir de meilleures compétences. L’objectif de cette présentation est de décrire l’expérience d’apprentissage interculturel réalisée dans le cadre du projet NODEGE (Nouveaux défis pour les professionnels de la gérontologie au Québec et au Chili). Méthode. NODEGE a été développé entre décembre 2021 et janvier 2022 en l’Université de Sherbrooke (Canada) et de l’Universidad de Aysén (Chili). À travers des espaces interactifs de réflexion théorique et pratique et d’apprentissage interculturel entre étudiants et enseignants. Résultats. Sur ces 12 étudiants, 83,3 % des femmes et 16,7 % des hommes, âgés de 21 à 38 ans, 58,3 % résidaient au Canada et 41,8 % au Chili. Grâce à la tenue de six ateliers avec des étudiants de Sherbrooke, la première phase s’est concentrée sur l’analyse de la réalité chilienne et a permis la production et l’édition de 3 vidéos d’information. La deuxième phase comprenait la discussion de la réalité chilienne à partir de contextes interactifs, qui a contribué à améliorer la qualité de la formation chilienne et posé des défis pratiques aux étudiants québécois. Conclusion. Cette expérience a montré l’importance de générer des apprentissages interculturels entre étudiants universitaires, en qu’elles aident les étudiants à développer une pensée critique, d’amélioraient leurs compétences dans le domaine de la gérontologie sur les scènes locales, nationales et mondiales. |
12:00 |
Le rapport à la politique dans le grand âge: entre trajectoire individuelle et poids des institutions
* Lea Sgier, Université de Genève/InCite, Switzerland Barbara Lucas, Haute école de travail social HES-SO/HETS, Switzerland Delessert Yves, Haute école de travail social HES-SO/HETS, Switzerland Maëlle Meigniez, Haute école de travail social et de la santé HETSL, Switzerland Notre contribution thématise la question du rapport à la politique et au vote des personnes âgées institutionnalisées, en appuyant l’hypothèse que le déclin du vote dans le grand âge ne s’explique pas uniquement par le processus de vieillissement « naturel », mais aussi par des facteurs organisationnels et institutionnels. Entre 2017 et 2021, nous avons mené une étude sur cette question en Suisse romande, comprenant une questionnaire organisationnel auprès de tous les établissements pour personnes âgées, des entretiens avec des résident.e.s et du personnel dans six établissements, et une analyse légale des dispositions qui encadrent le vote. Cette étude nous montre en effet que le vieillissement n’est qu’un parmi les facteurs explicatifs du déclin du vote. D’autres sont d’ordre socio-psychologique (par exemple le sentiment d’illégitimité de beaucoup de femmes), mais surtout aussi légal (des règles de domiciliation politique ou d’assistance au vote inadéquates qui entravent inutilemen le vote) et organisationnels (par exemple des pratiques de rétention du matériel de vote par le personnel, ou une interprétation excessivement défensive des règles d’assistance au vote). Dans notre contribution, nous expliciterons la nature de ces divers obstacles ; mais surtout nous aimerions « dénaturaliser » la question du déclin du vote dans le grand âge pour en faire une questions institutionnelle et organisationnelle sur laquelle il serait possible d’agir à plusieurs niveaux. Nous conclurons sur quelques recommandations dont l'utilité n'est pas limitée au contexte Suisse, et qui s'inscrivent dans la continuité d'autres travaux sur le vote de personnes dépendantes institutionnalisées. |