Session Overview |
Tuesday, June 04 |
14:00 |
Un « entre-lieu » en transition : les immigrés âgés des Foyers de travailleurs migrants face aux changements de leur lieu de vie
* Radoslav Gruev, REIACTIS / Université de Lorraine, France Cette communication interrogera les Foyers de travailleurs migrants (FTM) en France, pensés à leur création comme « une solution provisoire pour des travailleurs provisoires » à travers la notion d’« entre-lieu ». Cette dernière revoyant à la fois à l’idée du déplacement et à la migration, mais aussi à un espace de transition, de transaction et de passage, qui permet aux acteurs sociaux de s’inscrire dans des pratiques de l’entre-deux, dans des interstices de la vie sociale pouvant leur procurer certains avantages. Cette vie « entre » sera étudiée par rapport aux trajectoires de vie et de vieillissement d'immigrés âgés notamment d’origine maghrébine, appelés couramment « chibanis », dans un contexte de transformation à la fois de leur milieu de vie avec l’arrivée de nouveaux types de population en proximité. Nous nous appuierons sur une enquête menée en 2018 dans deux (anciens) FTM au Nord-Est de la France (un ancien haut lieu de la sidérurgie), gérés par une entreprise associative. L’analyse reposera ainsi sur les propos recueillis dans le cadre formel des entretiens (58 en tout), mais aussi lors d’échanges plus informels. Dans un premier temps nous verrons comment les (anciens) FTM s’inscrivent dans des « entre-lieux », c’est-à-dire un lieu où se rencontrent des mondes et modes (de vie, de penser, d’agir…) qui n’auraient pas nécessairement l’occasion de cohabiter dans un autre contexte et qui offre certains avantages liés à la vie dans l’« entre-(deux) ». Dans un second temps nous verrons la manière dont se structure le rapport des immigrés âgés à leur trajectoire de vie et ce qui les lie à l’espace physique et social de la résidence. Nous évoquerons la vie entre leur pays d’origine et la résidence à travers la pratique pratiquement identitaire des « navettes ». Dans un troisième temps, nous analyserons la vie quotidienne des « chibanis » dans un contexte de transition et changements de leur milieu de vie avec l’arrivée de nouvelles populations. |
14:20 |
Migration et vieillissement : vieillir où ? Souhaits d'ainés à l'aune de leurs parcours migratoires et de vie
* Bouchra Taïbi, Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), Canada * Michèle Charpentier, Université du Québec à Montréal (UQAM), Canada Les mobilités transnationales constituent, avec le vieillissement des populations, une des transformations majeures de nos sociétés. Plus encore, les deux phénomènes contemporains se juxtaposent, se croisent et composent de nouvelles réalités plurielles (Bolzman, 2020; Torres, 2015, 2008; Attias-Dunfut, 2014). Au Canada, près du tiers des personnes âgées de 65 ans et plus sont immigrantes, c’est-à-dire nées à l’extérieur du Canada. Or, malgré leur importance, les réalités et les besoins des aînés immigrants sont peu évoqués et restent méconnus. Cela, notamment en ce qui concerne leurs intentions quant à où vieillir. En effet, si la question du lieu du vieillir occupe une place centrale dans les débats sur les politiques publiques de la vieillesse (généralement en termes de domicile, résidence, institution, etc.), on en sait peu sur les aspirations des personnes âgées immigrantes. Souhaitent-elles vieillir dans le pays où elles ont immigré ? Rêvent-elles d’un retour dans leurs pays d’origine ou encore d’un vivre et vieillir ailleurs et, surtout, pourquoi ? La présente communication s’appuie sur une recherche qualitative menée juste avant la pandémie de COVID-19 dans la région montréalaise auprès de personnes âgées de 65 ans et plus, nées à l’extérieur du Canada, soit des aînés ayant des parcours de vie marqués par une ou plusieurs migrations. La communication portera sur les principaux résultats en ce qui a trait aux parcours migratoires de ces aînés et à où ils souhaitent vieillir. La présentation mettra d’abord en évidence la diversité des parcours migratoires des aînés de l’étude. C’est à la lumière de ces parcours que les aspirations des aînés quant à où vieillir seront ensuite abordées. Ces résultats permettront de rendre compte que les aspirations des aînés quant à où vieillir vont au-delà de la question du lieu. Une discussion s’ensuivra concernant les conceptions du « vieillir chez soi » et les limites/inégalités auxquelles font face les aînés immigrants dans la concrétisation de leurs aspirations. Enfin, il sera question de la nécessité de repenser les politiques pour prendre en compte les pratiques et souhaits de mobilité des aînés nés à l’extérieur du Canada et, plus généralement, la dimension transnationale qui caractérise leur vie et leur vieillesse. |
14:40 |
Invisibilité des femmes aînées immigrées non occidentales à la participation sociale : au-delà des obstacles liés aux territoires de vie, quels moyens pour bien vieillir ?
* Emmanuel Niyonsaba, Laboratoire Pacte (UMR 5194), Université Grenoble Alpes, France Thibauld Moulaert, Laboratoire Pacte (UMR 5194), Université Grenoble Alpes Notre communication porte sur la participation sociale des aînés en focalisant sur un public invisibilisé, les femmes aînées immigrées, et la façon dont elle se décline en fonction des territoires de vie et de l’impact des inégalités dans le processus d’inclusion sociale. Dans une approche intersectionnelle, à partir d’enquêtes qualitatives auprès de femmes de plus de 60 ans d’origine extra-européenne résidant en France, nous montrons que la participation sociale de celles-ci à des activités formelles est entravée par une combinaison de diverses « oppressions » : exclusion territoriale (Billette et Lavoie, 2010) au sens de « confinement à des espaces isolés et dépourvus d’équipements collectifs », difficulté d’accès à l’information, etc. Certaines femmes aînées ignorent des activités organisées par les acteurs de l’action sociale dans leur territoire de vie. Cela se traduit par un sentiment d’exclusion dû à l’absence de prise en compte de leurs besoins et à la discrimination raciale qui existerait au sein des organisations d’animation sociale et qui les empêcherait de participer à des activités organisées. Malgré les obstacles, la volonté de s’investir dans des activités formelles traduit le besoin de reconnaissance sociale et contribue aussi à des « projections de soi vers l’avenir » (Haissat 2006). Finalement, ce qui pose problème pour les femmes aînées moins engagées dans les activités formelles n’est pas tant l’absence d’intérêt que l’acceptabilité sociale des activités qui ne peut s’opérer sans la reconnaissance et la redistribution des ressources, ni sans la prise en considération des droits et des pouvoirs d’agir des aînées concernées, (REIACTIS, 2024). Ces résultats rappellent qu’il est primordial de poursuivre une politique vigoureuse d’inclusion sociale des personnes vulnérables, facilitant davantage l’accès des aînées à des activités ayant plus de sens et correspondant mieux à leur conception du bien vieillir. |