Session Overview |
Wednesday, June 05 |
13:30 |
Engager des professionnels dans les transformation sociales et spatiales des femmes sans-abri. Le parcours de soin par la beauté : de la reconnaissance à la reconstruction identitaire
* Gisele Dambuyant, UNIVERSITE PARIS NORD SORBONNE CITE, France Si pour toutes les personnes vieillissantes le rapport aux espaces, particulièrement privé, et au territoire, tant vécu qu’investi est essentiel, que dire des femmes vieillissantes dans l’espace public, où ces dimensions deviennent parfois les ultimes facteurs de socialisation ? Comment des professionnels peuvent associer ces personnes à quitter leurs territoires pour favoriser leur inclusion dans des contextes plus normés, plus sécure et plus valorisants ? Prendre part à l’action et au changement des milieux de vie ne peut s’opérer sans prendre en compte d’une part, la reconnaissance et la redistribution des ressources concrètes et symboliques, et, d’autre part, la prise en considération des droits et des pouvoirs de chacun. C’est dans cette double dimension que se situe cette communication pour participer à la reconnaissance des personnes les plus démunies, tout en préconisant des interventions participatives médicales, psychosociales et esthétiques auprès du corps vulnérable. Quel parcours de soin global pourrait être envisagé pour enclencher un processus de resocialisation pour ces femmes ? On peut proposer un parcours articulant trois type de pratiques sociales : médicales, psychologiques et d’esthétiques. D’abord, les professionnels de santé. En allant au-devant de la personne à la rue, l’approche médico-sociale recrée du lien social et met le corps à l’abri en reconnaissant l’identité humaine, digne de vivre dans un autre environnement. Ensuite, les travailleurs sociaux. L’approche psycho-sociale permet une revalorisation de l’estime de soi, favorisant une réappropriation de l’identité sociale et permettant des interactions sociales plus normalisées. Enfin, les socio-esthéticiens(nes). L’approche socio-esthétique concerne la restauration de l’image de soi et valorise particulièrement l’identité sexuelle et culturelle. Cette dernière étape favorise les choix de son apparence et de sa présentation. Ce parcours de soin global, se décompose par étapes, respectant les temps nécessaires de rencontres et d’accompagnements dont ont besoin toutes les personnes vieillissantes à la rue et permettant de penser des perspectives d’inclusion par une revalorisation progressive de l’identité. Ainsi, l’engagement de ces professionnels complémentaires soutiennent la réappropriation plus positive du sentiment de soi par des transformations sociales et spatiales des femmes sans-abri pour les accompagner dans trajectoires ascendantes et dans leurs développements de pouvoir d’agir. |
13:50 |
Vieillir en contexte de pauvreté : aspects sociaux, économiques et anthropologiques sur le cas de la Polynésie française
* Lauriane Dos Santos, Maison des Sciences de l'Homme du Pacifique (UAR 2503 CNRS-UPF), French Polynesia En matière de prise en charge des personnes âgées, le contexte polynésien se caractérise par une incitation forte à l’accompagnement à domicile par les descendant.e.s. Les familles les plus pauvres, qui déploient le care dans le cadre de la solidarité intrafamiliale, ont parfois un recours marginal au marché des prestations sanitaires et médico-sociales professionnelles. Cette communication s’intéresse à la manière dont la vieillesse est vécue dans les quartiers prioritaires de l’agglomération de Papeete (Tahiti), où les personnes âgées vivent, le plus généralement, en cohabitation dans leur famille nombreuse et multigénérationnelle. Ce contexte se caractérise par un taux de chômage élevé pour les descendant.e.s et un approvisionnement direct difficile en ressources alimentaires en dehors de l’économie formelle, le développement urbain et l’activité touristique complexifiant l’accès à la terre et au lagon à des fins d’autosubsistance. Sur ce territoire autonome vis-à-vis de la France continentale en matière de politiques sociales et économiques, qui vit un vieillissement particulièrement rapide de sa population depuis la seconde moitié du siècle dernier, les jeunes générations en âge de travailler ne disposent ni d’« assurance chômage » ni de « revenu de solidarité active » (RSA) pour faire face aux risques sociaux et économiques liés à la perte d’emploi ou à l’inactivité. Les revenus sociaux liés à la vieillesse constituent, dès lors, une ressource particulièrement centrale. Cette communication présente les aspects sociaux, économiques et anthropologiques les plus saillants concernant le vieillissement dans ce contexte. Elle repose sur l’analyse des données qualitatives et empiriques collectées au cours d’une enquête sociologique de terrain au long cours (2021 à 2024), sur l’île de Tahiti. Le corpus d’entretiens semi-directifs (rassemblant soixante-dix témoignages collectés auprès de personnes âgées, de leurs proches et des professionnels du champ sanitaire et social sur ce territoire) révèle que les personnes âgées participent de manière centrale aux solidarités intrafamiliales et aux économies domestiques, notamment par la redistribution de leurs revenus sociaux et du patrimoine foncier. Cette participation économique est-elle, pour autant, garante de leur intégration sociale ? Après avoir caractérisé le contexte étudié (1), puis répondu à cette question de recherche (2), la communication interroge l’intérêt des résultats scientifiques obtenus pour les pouvoirs publics du territoire, en matière d’élaboration des politiques familiales (3). |
14:10 |
Trajectoires de vie et pauvreté monétaire après la retraite
* Jim Ogg, L'unité de recherche sur le vieillissement, Caisse national d'assurance vieillesse, France Bien qu’en France le taux de pauvreté chez les retraités soient inférieurs à l’ensemble de la population, en 2019, au seuil de 60 %, 1 194 000 personnes de 65 ans ou plus ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté (Insee, 2021). Un faible revenu pendant la vieillesse peut entraîner l'exclusion de nombreux domaines de la vie sociale et civique et nuire à l'inclusion sociale. Maintenir des revenus adéquats pendant la vieillesse et protéger les citoyens âgés de la pauvreté sont des défis majeurs pour les gouvernements et les décideurs politiques, et ils ont été amplifiés par divers événements sociaux, économiques, politiques et épidémiologiques. Les causes des faibles revenus et de la pauvreté chez les personnes âgées doivent être comprises dans le contexte des effets du parcours de vie. Il existe deux modèles théoriques importants qui nous aident à comprendre l'impact des événements du cours de la vie sur les revenus des personnes âgées. En première ligne, les effets durables des évènements majeurs peuvent être expliqués par le modèle des désavantages cumulatifs. On s’intéresse donc sur les processus sociaux systémiques qui tendent à générer des désavantages tout au long de la vie. Deuxièmement, il est important de prendre en compte non seulement les mesures objectives de la pauvreté, mais aussi les mesures subjectives. Progressivement, les définitions subjectives de la pauvreté ont commencé à englober des facteurs autres que les finances et les budgets. Nous utilisons les données de l’Etude Longitudinale sur le Vieillissement et les Inégalités Sociales (ELVIS) qui vise à identifier et à caractériser la formation des inégalités comprises dans leurs multiples dimensions jusqu’au seuil de la retraite, à analyser leurs évolutions au cours de la vieillesse et à saisir la manière dont les ressources sociales et familiales mobilisables peuvent contribuer à les moduler. L'analyse s'appuie sur un corpus de 119 entretiens qualitatifs avec des personnes nées entre 1939 et 1958 menées en 4 régions de la France en 2021 et 2022. |
14:30 |
Être femme et vieillir à la rue. De la dynamique de l'exclusion à la prise en compte des ressources existantes pour reconnaître et développer leur pouvoir d'agir
* Gisele Dambuyant, UNIVERSITE PARIS NORD SORBONNE CITE , France Comment se réalise le vieillissement lorsque le lieu de vie est l’espace public ? Si vivre à la rue se pose en termes de survie, vieillir à la rue se conjugue avec la désocialisation extrême et la mort prématurée. La pluralité des trajectoires d’avancées en âge nécessite d’une part, une relecture des enjeux de reconnaissance des ainés et, d’autre part, des réflexions sur l’agencement des circonstances et des temps collectifs et personnels par rapport aux liens sociaux et au pouvoir d’agir de toute personne. C’est dans ce double objectif que se situe cette communication pour accroître la reconnaissance identitaire des femmes sans-abri, tout en prenant en compte leurs parcours de vie, leurs environnements, leurs résistances et leurs ressources identitaires. L’analyse des ressources existantes se conjugue avec de multiples autres sans : sans argent, sans travail, sans famille… faisant apparaître leur corps comme ultime ressource, utilisée en mode de surexposition et surexploitation permanente, évoluant dans un environnement de violences, de souffrances et de honte. Ceci est intensifié pour les femmes, normalement associées au foyer et aux liens sociaux, notamment familiaux. Or, à la rue, le foyer n’existe pas et les liens sont majoritairement occasionnels voire rompus. Qu’en est-il des femmes vieillissant à la rue, totalement à l’opposé du vieillissement normé ? A partir de l’analyses des mobilités quotidiennes temporelles et spatiales pour réaliser des actes les plus primaires : boire, manger, dormir, se laver, mais aussi rencontrer et partager, on peut analyser l’importance du corps comme ressource, dans son fonctionnement et sa présentation, et des stratégies de pouvoir d’agir révélatrices des rapports à l’environnement et aux permanences identitaires. En effet, on peut examiner des choix d’attention ou de présentation porté au corps, ou au contraire de délaissement, en termes d’hygiène et de soins. De même, on observe une diversité de tenues vestimentaires, de maquillage… Ces analyses démontrent leurs pouvoirs d’agir et participent à la nécessaire reconnaissance de ces femmes en intégrant leur droit d’appartenance à la société, tout en proposant des perspectives plus sécures, plus valorisantes et plus inclusives de leurs vieillissements à la rue. |