Session Overview |
Tuesday, June 04 |
16:00 |
Vieux et laissés derrière : « Mon fils est parti avec sa famille, il est allé voir les volcans »
* Blandine Destremau, CNRS Iris / EHESS, France « Aller voir les volcans », c’est la justification officielle de centaines de milliers de Cubain.es qui ont profité de l’ouverture des frontières nicaraguayennes pour tenter la route vers les Etats-Unis, depuis l’hiver 2021. Cette vague migratoire majeure est loin d’être la première, ou l’unique, qui a affecté le pays. L’exil de ceux et celles qui sont quitté le territoire sans autorisation était définitif jusqu’en 2013, quand la loi a permis aux émigrés une « récupération de droits » et un assouplissement des mobilités extérieures. Le travail de recherche ethnographique que je mène à Cuba depuis 2010 m’a amenée constater combien de nombreuses trajectoires de vieillissement sont marquées par les migrations. Par-delà le choc affectif et le deuil forcé, le départ d’un fils ou d’une fille est intimement lié à la capacité de la personne vieillissante d’obtenir de l’aide quotidienne. La crise du care apparaît ainsi comme un produit de la démographie (chute de la fécondité, extension de la longévité, migration), et une construction résultant du maintien d’une politique publique familialiste de care, en dépit de la dislocation de la famille idéal-typique de ce modèle (Destremau, 2021 ; 2023). Ma communication évoquera plusieurs cas de trajectoires de personnes âgées, suivies pendant le temps long de l’enquête, marquées par la bifurcation de la migration d’un fils ou d’une fille. Je vais pour ce faire m’inspirer de la très riche littérature sur les « left behind », qui s’attache à analyser les contextes d’émigration du point de vue de « ceux qui restent ». J’espère donc ainsi entrer en dialogue avec d’autres chercheurs et chercheuses étudiant les trajectoires de vieillissement dans des contrées d’émigration. Références Destremau, Blandine, Aging and Generations in Cuba. Unravelling the Care Crisis, Lexington Studies on Cuba, Rowman & Littlefield, 2023. Destremau, Blandine, Vieillir sous la révolution cubaine. Une ethnographie, Éditions de l'Institut des Hautes Études de l'Amérique Latine (IHEAL), Presses de l'Université Sorbonne Nouvelle, 2021. |
16:20 |
Le vieillissement à l'épreuve des mutations territoriales : le non recours comme symptôme de désajustement
* Catherine Gucher, Laboratoire des sciences sociales PACTE Université Grenoble Alpes, France La diversité des formes et sens du vieillir selon les spécificités territoriales n’est plus à démontrer. Qu’il s’agisse des espaces ruraux isolés ou des quartiers français des politiques de la ville (Wittman, 2003), des « effets de milieux » ou « effets de quartiers » ont été mis au jour (Authier, 2007). Le milieu de vie fournit un cadre symbolique et culturel support de socialisation et d’ancrage. Il fonctionne également comme système de contraintes et de ressources pour les populations qui y résident. (Gucher, 2014). Cependant il est possible de s’interroger sur la façon dont ces ressources constituées au fil du temps, deviennent moins opérantes face aux transformations matérielles et symboliques des territoires. Lorsque de nouvelles manières d’habiter sont portées par des populations mobiles par choix ou par nécessité, qui pratiquent les espaces, les services et les sociabilités par intermittence et parfois à distance, que reste-t-il du pouvoir des ressources d’autochtonie (Retière, 2003) ? Les ressources de mobilité ne constituent-elles pas davantage un atout (Fol et alii, 2014) et lorsqu’elles sont inexistantes un obstacle majeur au bien vieillir ? Au prisme de l’analyse de situations de non recours aux droits et services (Gucher et alii, 2011 ; Bontron, 2013) et plus généralement de non accès aux ressources des territoires – culture, transports, soins, services administratifs-, nous nous intéresserons à la manière dont les personnes âgées peuvent se trouver confrontées à des épreuves de désajustement territorial dans un contexte de mutation fort. Nos analyses sont issues d’un travail de recherche mené sur 3 territoires isérois concernés différemment par des dynamiques de transformation majeures et par des formes d’hybridation culturelle : gentryfication, désindustrialisation et mutation rurale. Le corpus est composé de 30 entretiens. |
16:40 |
Trajectoires de vie générationnelles et participation sociale lors d'un vieillissement pluriel : résultats d'une étude qualitative exploratoire des Québécois baby-boomers
* Dolores Majón-Valpuesta, Université de Sherbrooke ET Universidad de Sevilla, Canada Louis Braverman, Université de Bretagne Occidentale Chantal Viscogliosi, Université de Sherbrooke Julie Castonguay, Centre collégial dexpertise en gérontologie du Cégep de Drummondville Johanne Filiatrault, Université de Montréal Válerie Poulin, Université du Québec à Trois-Rivières Ginette Aubin, Université du Québec à Trois-Rivières Marie Beaulieu, 1Centre de recherche sur le vieillissement, CIUSSS de lEstrie-CHUS, Université de Sherbrooke Émilie Raymond, Université Laval Samuèle Rémillard-Boilard, Centre de recherche sur le vieillissement, CIUSSS de lEstrie-CHUS, Université de Sherbrooke Mélanie Levasseur, 1Centre de recherche sur le vieillissement, CIUSSS de lEstrie-CHUS, Université de Sherbrooke Introduction. Chaque jour mondialement, 10 000 baby-boomers atteignent l’âge de 65 ans, ce qui oblige à repenser leur participation sociale, déterminant modifiable de la santé. Puisque chaque génération partage un contexte sociohistorique, une approche générationnelle serait utile pour mieux comprendre les conditions de leur participation. On connait peu dans quelle mesure l’appartenance à cette génération définit leur participation sociale. Cette étude visait à explorer en quoi les expériences des baby-boomers quant à leur appartenance à leur génération est définie et son impact sur leur trajectoire de participation sociale. Méthode. À l’aide d’un étude qualitative exploratoire, 50 entretiens individuels semi-dirigés ont été menés entre septembre 2021 et juin 2022 dans la province du Québec. Une analyse thématique sémantique a été réalisée. Résultats. Les participants étaient âgés de 57 à 76 ans, majoritairement de sexe féminin (62,0 %) et francophone (60,0 %), et un peu plus de la moitié (54,0 %) avaient une faible appartenance à la génération des baby-boomers. D’une part, les participants ont déclaré qu’ils ne se sentaient pas faire partie de cette génération alors qu’elle était caractérisée par des comportements consuméristes et individualistes, en associaient cette appartenance à l’âge et à leur santé physique, mais pas mentale. En revanche, les participants qui se considéraient comme faisant partie d’une génération ont identifié être une génération de transition, entre le monde de leurs prédécesseurs et successeurs, comme une génération ouverte à la nouveauté et socialement active. Conclusion. L’utilisation d’une approche générationnelle peut être utile pour comprendre l’impact du contexte sociohistorique sur la participation, mais une recommandation est d’aborder la réalité générationnelle sous l’angle de la variabilité intragénérationnelle, en adoptant une vision plus large et inclusive de l’expérience générationnelle. |