"Culture aux aînés" est un projet d’impact collectif mobilisant le levier artistique pour agir contre l’isolement social des personnes aînées en milieu rural en Estrie. Porté par l’organisme "Le P’tit Bonheur de Saint-Camille", l’initiative cible principalement les personnes aînées francophones et d’expression anglaise, isolées ou à risque de l’être dans les MRC des Sources et du Val-St-François. L’expérience artistique, encadrée par un dispositif spécifique de médiation culturelle, constitue l’un des volets d’action. Considérée dans ses effets comme un moyen de briser l’isolement par la création de liens sociaux et de solidarité, la médiation culturelle consiste à encourager la participation en créant « des ponts entre l’art, la culture et les citoyens » (Lafortune, 2012, p. 21). Ce processus amène à vivre une expérience artistique souvent inédite, leur permettant de prendre conscience de leur potentiel, de s’exprimer dans l’espace public et de développer des aspirations au changement (Belhadj-ziane, 2017). Conjointement au levier de la médiation culturelle, Culture aux aînés mobilise une approche d’impact collectif, un cadre de changement des communautés et des systèmes s’appuyant sur « l’engagement d'une grande variété d'acteurs influents issus de différents secteurs qui tirent parti de leurs ressources collectives pour obtenir des résultats en faveur d'un programme commun visant à résoudre un problème social spécifique d’ampleur et complexe » (Kania & Kramer, 2011, p.36 [traduction libre]). C’est dans le cadre de cette approche que des chercheures de l’IUPLSSS-CHUS ont été sollicitées afin d’accompagner Culture aux aînés dans l’atteinte de ses objectifs. Compte tenu du caractère complexe de l’initiative et de la nécessité de mesurer les évolutions au fil du temps (Weaver, 2016), nous avons choisi de réaliser une recherche-action évolutive (Gamble, 2008). À travers cette communication, nous présenterons les résultats de cette recherche en montrant comment les leviers d’impact collectif et de médiation culturelle ont produit un continuum de la participation induisant des effets sur l’isolement social des personnes aînées, mais non sans défis.

L'action et l'attention portées sur l'environnement social et spatial des personnes âgées sont marquées par des référentiels internationaux qui façonnent les politiques publiques et les pratiques nationales et locales. Dans ce contexte, l’étude des milieux de vie des aînés et de leur transformation est étroitement liée à la question de la circulation des idées et des référentiels d’action publique dans le temps et l’espace. Un vocable spécifique, dès lors qu’il pénètre un territoire national ou un champ de recherche, fait l’objet de nombreux essais de traduction et de stabilisation parmi les communautés de chercheurs et de praticiens, pouvant conduire à des transformations plus ou moins importantes de ses significations, portées et des valeurs qui y sont attachées. Ceci posé, cette communication propose d’interroger le sens donné à ces référentiels et plus globalement aux rapports évolutifs entre l’espace, la matérialité et les personnes âgées en fonction de différents contextes nationaux. Appuyée sur les premiers résultats du projet de recherche SPAGE « La production sociale de l’espace au prisme du vieillissement : un dialogue franco-allemand » elle présente la manière dont les approches spatiales sont mobilisées (ou non) en sociologie du vieillissement en France et en Allemagne. Elle esquisse également un cadre conceptuel commun décrivant les relations fondamentales entre âge et espace. Pour cela, un premier volet met en évidence un fort écart d’imprégnation et de théorisation des approches spatiales entre la sociologie française et la sociologie allemande, à partir d’une revue systématique des définitions relatives au terme « espace » et à ses principales déclinaisons dans les dictionnaires de sociologie et de géographie dans les deux pays. Ensuite, un second volet souligne la variabilité des méthodes et focales poursuivies actuellement par les chercheurs, ceci à partir d’entretiens semi-directifs. Finalement, cette communication remet en question l’existence de clés de lecture conceptuelle communes dans l’analyse des transformations des milieux de vie des aînés par des communautés de recherche internationales, en se basant sur les cas français et allemand.

En tant qu’expérience matérielle et sociale, le vieillissement prend place dans des territoires traversés par des dynamiques locales, nationales et globales particulières. Dans les pays du nord global, certains espaces ont vécu des changements importants au cours des dernières décennies. Parfois, le dynamisme économique d’après-guerre s’est affaibli, laissant des zones désindustrialisées et dépeuplées marquées par de faibles ressources. D'autres régions sont marquées par un phénomène de gentrification impliquant une augmentation du coût de la vie. Comment ces contextes sociaux, politiques et économiques ont-ils façonné les parcours de personnes âgées qui y vivent aujourd’hui avec peu de ressources ? Notre intervention présentera les premiers résultats d’une étude en cours dans les Alpes suisses et dans les Appalaches Centrales, deux régions périphériques, marquées par des changements économiques et sociaux majeurs depuis l’après-guerre. À l’aide d’interviews qualitatifs, la recherche s’intéresse aux histoires et aux conditions de vie actuelles de personnes de 60 ans et plus qui habitent dans ces territoires et dont les conditions de vie sont précaires. Selon Mattingly et Lawlor, les récits permettent d’ « explorer les motifs complexes qui conduisent les individus à agir d’une manière plutôt que d’une autre, et révèlent les contraintes environnementales, corporelles, et sociales qui limitent les possibilités d’actions des personnes » (2000 : 6). Partant de ce constat, notre étude se base sur les récits des participant.es que nous avons collectés à l’aide de calendriers de vie. Cet outils permet aux personnes de raconter leur histoire en s’arrêtant sur des situations et des événements qui ont influencé leur parcours et leurs conditions de vie aujourd’hui, de leur point de vue. Notre présentation s’appuiera sur l’analyse thématique des témoignages de 30 personnes interrogées. Reconnaissant l’impact des « positionnements historiques » (Pat Chambers, 2004) des individus sur leur expérience de la vieillesse, nous nous concentrerons sur la manière dont des événements (géo-)politiques, économiques et sociaux locaux et globaux ont façonné les histoires des participant.es à l’étude et leur expérience de la vieillesse.

La France compte plus de 5 500 km de littoraux en métropole et ces territoires hébergeaient près de 8 millions d’habitants en 2016, soit une densité de population 2,5 fois supérieure à la moyenne française. A cette spécificité démographique, s’ajoutent des problématiques d’aménagement des territoires. L’attractivité des littoraux, et par conséquent leur artificialisation toujours plus importante, augmentent leurs vulnérabilités aux impacts du changement climatique. Les principaux aspects de ce changement sont la hausse des températures, l’évolution des précipitations et la modification des cyclones, l’acidification de l’eau et la hausse du niveau moyen des mers. Ainsi, ces territoires doivent faire face deux enjeux majeurs : la transition démographique et le changement climatique. Ainsi, les territoires littoraux vont devoir anticiper le vieillissement de leur population tout en gérant des aléas climatiques de plus en plus fréquents. Cette communication présentera les résultats d’une recherche exploratoire portant sur le vieillissement dans les zones littorales. Dans un premier temps nous dresserons un état des lieux du vieillissement dans les communes littorales. Nous montrerons qu’il existe une diversité de situations mais que l’ensemble de ces communes font face à la fois à une augmentation de la population âgée de plus de 60 ans et à une pression liée au changement climatique avec des aléas de plus en plus extrêmes. De l’analyse de cet état des lieux, nous présenterons les 10 enjeux prospectifs majeurs qui vont se poser sur ces territoires. Cette recherche s’est appuyée sur une méthodologie qualitative via des recherches documentaires et des entretiens semi-directifs auprès de 8 villes littorales françaises.