Session Overview |
Tuesday, June 04 |
16:00 |
Vivre en résidence autonomie : entre recherche d'indépendance et promotion du collectif
Anne-Bérénice Simzac, Generacio, France Les résidences autonomie françaises sont des établissements médico-sociaux accueillant des personnes de plus de 60 ans autonomes, c’est-à-dire pouvant accomplir les tâches de la vie quotidienne et ne présentant pas de trouble cognitif particulier. Les résidents bénéficient d’un logement privatif, véritable domicile, mais aussi d’espaces collectifs. Dans un cadre sécurisé (assistance possible 24h/24), ils disposent de services facultatifs (animation, restauration, aides diverses…). A l’origine, il s’agit d’un dispositif de logement social, permettant l’accès à des logements décents pour des personnes à faible revenu. Désormais, les résidences autonomie ont de nouvelles missions de prévention et de préservation de la perte d’autonomie. Ainsi, le principe même de ces structures est de préserver l’autonomie des habitants en faisant cohabiter des espaces collectifs favorables à une dynamique de vie sociale avec des appartements privés faisant office de repères intimes. Pour entrer dans ces structures, le principal critère d'éligibilité est l’autonomie des résidents, entendue comme capacité à accomplir seuls les tâches de la vie quotidienne. Les politiques publiques ont ainsi tendance à limiter l’autonomie à sa dimension physique. En s’appuyant sur une approche mixant sociologie du vieillissement, science politique et analyse de l’environnement de vie, cette communication propose de s’interroger sur l’appréciation des résidents de la notion d’autonomie. Pour eux, être autonome relève-t-il de la même dimension ? Existe-t-il une dissonance entre ces deux perceptions de l’autonomie ? Après une présentation rapide des résidences autonomie précisant leur fonctionnement, le public accueilli et leur réglementation, une première partie de cette communication portera sur les usages du cadre bâti dans la mise en place de dynamiques collectives ou individuelles quotidiennes. Il s’agira également de revenir sur la notion d’autonomie telle que véhiculée par les pouvoirs publics dans le cadre des politiques publiques relatives à ces établissements. Une deuxième partie de la présentation reviendra sur la manière dont cette définition est appliquée au sein des résidences autonomie et sur la perception des résidents. Nous verrons que ces derniers mobilisent davantage la notion d’indépendance que d’autonomie. Une troisième et dernière partie de cette intervention reviendra sur les effets concrets de ces perceptions de la notion d’autonomie sur ces habitats et le quotidien des résidents. Nous montrerons notamment qu’avec l’évolution des orientations politiques récentes plaçant ces résidences comme un vecteur de prévention, elles accueillent paradoxalement de plus en plus de personnes dépendantes. Nous verrons également qu’elles sont confrontées à une attractivité moindre pour les publics les plus autonomes. Les matériaux mobilisés dans cette intervention sont issus de données qualitatives recueillies lors d’un travail de thèse réalisé dans le cadre d’une CIFRE (Convention Industrielle de Formation par la Recherche) avec une association gestionnaire de 35 résidences autonomie réparties sur toute la France. Cette communication s’appuiera également sur les apports d’une enquête quantitative récente « Habitats seniors » portée par l’Unité de Recherche sur le Vieillissement de la CNAV dans le cadre de la préfiguration de la recherche HILAUSENIORS financée via le Programme Prioritaire de Recherche (PPR) Autonomie. |
16:20 |
L'habitat coopératif un nouveau souffle de l'habitat sénior en France
* Guy Tapie, Ecole nationale supérieure d'architecture et de paysage de Bordeaux, France En France, de nombreux travaux de recherche font apparaître l’importance des conditions matérielles d’existence sur les modes de vie des séniors et sur leurs parcours résidentiels. Partir de l’architecture des espaces de vie et de l’habitat, est une manière d’appréhender ce que vivent ces populations et la façon dont elles se projettent dans le temps. Jusqu’à récemment, trois modèles principaux organisaient le secteur : l’établissement d’hébergement pour les personnes âgées dépendantes ; les résidences autonomie publiques et privées ; le domicile « historique ». L’habitat participatif / coopératif, redynamise le secteur et met l’usager final au cœur du projet de vie et de la conception d’un lieu original. Le projet d’habitat coopératif, « Boboyaka – La Castagne » à Bègles, en cours, est exemplaire : une résidence de 19 logements, avec des espaces partagés et une crèche, en ville, localisée dans une commune de la métropole bordelaise. L’engagement et l’investissement des futurs occupants, se repèrent dans le montage, la conception et la gestion du futur lieu de vie. Le projet renouvèle l’offre d’habitat ordinaire des séniors, plus nombreux et actifs, en anticipant le vieillissement des occupants. Il traduit l’envie de vivre en harmonie, de retrouver de la solidarité, de créer une communauté résidentielle, d’innover et d’expérimenter des solutions originales d’habitat, d’être une force de changement social. Porte-parole d’un groupe, les personnes âgées, de tels habitants ne veulent pas subir les décisions prises par d’autres, Minoritaire en nombre, ces opérations immobilières subissent plus que d’autres les aléas des contextes de production, de la formulation du projet de vie à la conception du projet architectural en passant par son financement. En termes méthodologique, à partir d’éléments statistiques, nous avons identifié des « filières de production ». Parmi celles-ci, nous avons repéré des opérations de type participatif / coopératif « séniors ». Spécifiquement, pour l’étude de cas « Boboyaka – La Castagne » nous observons le processus de fabrication du projet en adoptant une démarche qualitative (entretiens semi-directif ; observation participante). |
16:40 |
De la conception à l'application d'un modèle innovant d'accompagnement centré sur les habitants d'EMS : dialogue sur l'expérimentation du modèle AEDIS « comme à la maison »
* David Favre, Fondation Saphir, Switzerland * Aurélie Chopard-dit-Jean, Fondation Saphir, Switzerland En 2018, la Fondation Saphir a opéré une réorientation stratégique notamment en établissement médico-social (EMS) en plaçant l’accent sur les prestations plutôt que sur une logique gestionnaire. L’objectif était de rompre avec le schéma existant que la vie en établissement d’hébergement est dictée par la maladie et les incapacités. Nées de travaux en communs avec la HEIG-VD (Haute école d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud), des pratiques idéales ont été définies en questionnant directement la clientèle sur sa perception des prestations. Basé sur le point de vue de la clientèle, le modèle d’accompagnement de la Fondation Saphir, nommé « AEDIS : se sentir « comme à la maison » et promouvoir la qualité de vie ». Ce modèle d’excellence en EMS réinvente nos prestations et services pour favoriser l'autonomie décisionnelle et l’indépendance des personnes tout en créant un environnement de vie adapté et sécurisant. À cette fin, le modèle AEDIS accorde une place centrale aux besoins individuels et singuliers des personnes dans toutes les sphères de leur vie quotidienne. Si vivre et travailler dans un établissement qui promeut la qualité de vie et le « comme à la maison » est souhaité par la clientèle et les collaborateurs, il n’est pas possible d’éluder les questions relatives à la santé physique et ou/mentale qui sont les principales raisons qui motivent une entrée en EMS (OFS, 2012.). Cette réalité nous met au défi d’innover, de remettre en question l’existant et de s’engager dans de nouvelles orientations liées à l’évolution des besoins sociétaux et de santé publique. AEDIS se veut être un guide pratique et évolutif spécifiquement construit pour notre environnement même s’il s’inspire de différents modèles... Au travers d’un EMS pionnier du modèle, la présente communication proposera un dialogue entre la conception du modèle et la manière dont il s’applique concrètement sur le terrain au quotidien. |
17:00 |
Parler de la mort en EMS et en EHPAD. Vers une compréhension de l'expérience subjective du grand âge en établissement d'hébergement.
* Aurélie Chopard-dit-Jean, Université de Franche-Comté, France Dario Spini, Université de Lausanne, Switzerland Magalie Bonnet, Université de Franche-Comté, France Déménager en établissement et perdre son indépendance sont parfois associés à des idées suicidaires (Van Wijngaarden et al., 2014). 16 % des résidents d’établissements médico-sociaux (EMS) souhaitent mourir plus vite que prévu mais sans accélérer activement ce processus (Dürst et al., 2020). Le désir de mourir est corrélé à la dépression, aux besoins spirituels non satisfaits, à l’impression d’être un fardeau pour les autres, à la démoralisation, aux symptômes physiques, à l’anxiété et à l’âge élevé (Dürst et al., 2020). C’est dans ce contexte que notre recherche (menée dans le cadre d’un doctorat franco-suisse en psychologie) visait à comprendre l’expérience personnelle des résidents d’EMS (Suisse) et d’établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD, France). Méthode : Nous discuterons les résultats de deux études qualitatives menées conjointement dans 3 EMS et 5 EHPAD. La première (N=18) évaluait si la demande de mort des résidents était une demande de soutien et analysait les conséquences de l’entrée en établissement sur cette demande. La seconde (N=18) visait le même objectif sans se focaliser uniquement sur le moment de l’entrée. Les entretiens semi-directifs invitaient les résidents à parler de leur rapport à la vie et à la mort. Résultats : L’analyse interprétative phénoménologique des entretiens (Smith & Osborn, 2003) montre la complexité de l’expérience personnelle de la vieillesse, de la dépendance et de la mort en établissement : elle se constitue d’enjeux physiques, psychologiques, sociaux, identitaires et spirituels que nous détaillerons. Discussion et conclusion : Parler de la mort consiste à partager un temps relationnel avec les résidents lors duquel ils font le bilan de leur vie tout en évoquant la vie qu’il leur reste à vivre et leur mort. Les EMS et les EHPAD doivent bénéficier de dotations supplémentaires pour évoluer vers un modèle mêlant une approche gériatrique et gérontologique afin de cerner et répondre aux attentes des résidents concernant la fin de leur vie. |