Session Overview |
Wednesday, June 05 |
15:45 |
Les technologies numériques, analyseurs des inégalités de trajectoires de vieillissement
* Vincent Caradec, Université de Lille, France Nous nous proposons d’appréhender le rapport aux technologies numériques des personnes aînées comme un analyseur des inégalités dans les trajectoires de vieillissement, tout d’abord en rendant compte des inégalités d’équipement et d’usage, puis en nous demandant si l’accès à ces technologies constitue pour elles plutôt un problème pratique ou un enjeu symbolique. Dans un premier temps, nous chercherons à éclairer les inégalités d’usage en nous demandant, d’une part, dans quelle mesure et de quelle manière un « capital culturel numérique » a pu se constituer au cours de la trajectoire antérieure et, d’autre part, comment un faible capital numérique peut être compensé par le recours à des aides, familiales ou extra-familiales. Dans un deuxième temps, nous montrerons que l’accès des personnes aînées aux technologies numériques constitue dans un contexte de dématérialisation d’un certain nombre de services, un enjeu pratique pour celles qui ne savent pas utiliser ces outils. Mais il s’agit aussi, et peut-être surtout, d’un enjeu symbolique, qui s’exprime de diverses manières : sentiment d'exclusion et de mépris induit par l'obligation croissante de passer par Internet pour accéder à certains services ; a contrario fierté et mise à distance de la vieillesse pour ceux qui ont acquis une certaine familiarité avec ces technologies. Ainsi, dans le rapport aux technologies numériques, c’est un certain rapport au vieillissement qui se joue. L'analyse s'appuiera sur le corpus d’entretiens semi-directifs constitué dans le cadre de la recherche Elvis (Etude Longitudinale sur le Vieillissement et les Inégalités Sociales) dont l’un des volets porte sur les usages du numérique. Ce corpus est constitué de 120 entretiens de type récits de vie réalisés, en 2022, dans sept territoires de France métropolitaine auprès de personnes aux profils socio-démographiques variés et qui appartiennent à trois générations (1955-1959 ; 1945-1949 ; 1935-1939). |
16:05 |
Des pratiques d'utilisation du numérique plus sécuritaires, responsables et éthiques chez les personnes aînées : favoriser un vieillissement actif de la population québécoise
* Julie Castonguay, Centre collégial d'expertise en gérontologie (CCEG) du Cégep de Drummondville, Canada * David Pellerin, Centre collégial d'expertise en gérontologie (CCEG) du Cégep de Drummondville, Canada * Mathilde Perron, Centre collégial d'expertise en gérontologie (CCEG) du Cégep de Drummondville, Canada Anne-Laurence Savoie, Centre collégial d'expertise en gérontologie (CCEG) du Cégep de Drummondville, Canada * Hatem Laroussi, Centre collégial d'expertise en gérontologie (CCEG) du Cégep de Drummondville, Canada Sophie Beauparlant, Cégep de Jonquière, Canada Charles Varin, CyberQuébec du Cégep de l'Outaouais, Canada Carmen Lemelin, Centre collégial d'expertise en gérontologie (CCEG) du Cégep de Drummondville, Canada * Marie-Ève Bédard, Centre collégial d'expertise en gérontologie (CCEG) du Cégep de Drummondville, Canada * Mélanie Levasseur, Université de Sherbrooke, Canada * Émilie Raymond, Université Laval, Canada Julie Silveira, Réseau FADOQ, Canada Annie Belcourt, FADOQ - Région Centre-du-Québec, Canada Bruno Dion, Action-Habitation de Québec, Canada Le numérique est devenu incontournable. Les organisations publiques, privées et à but non lucratif se tournent davantage vers le numérique pour communiquer avec la population et lui offrir des services. Or, l’utilisation quotidienne du numérique est inférieure chez les personnes aînées (PA) que chez les autres adultes québécois. Cette communication présente des résultats préliminaires d’une recherche-action visant à soutenir le développement d’une compétence numérique chez les PA par la conception, l’implantation et l’évaluation d’un jeu sérieux. Cette communication abordera plus spécifiquement : 1) les pratiques d’utilisation du numérique chez les PA (ex. : ce qu’elles font, aimeraient faire ou n’osent pas faire); 2) leurs freins et leviers au développement de pratiques plus sécuritaires, responsables et éthiques. Le Cadre de référence de la compétence numérique et le Design de l’expérience de l’utilisateur ont guidé la collecte et l’analyse de données auprès de 60 PA de différentes régions du Québec (Centre-du-Québec, Capitale-Nationale, Estrie, Montréal, Montérégie). Elles ont participé à un entretien de groupe semi-dirigés (N=9), regroupant chacun de 3 à 11 personnes. Une analyse qualitative de contenu thématique mixte et une analyse quantitative descriptive des données ont été réalisées. Parmi les principales pratiques d’utilisation du numérique chez les PA se trouvent : communiquer avec ses proches; consulter l’actualité; visionner des contenus vidéo; consulter, publier ou partager des contenus sur les réseaux sociaux; effectuer des achats. Les freins et les leviers au développement de pratiques d’utilisation du numérique plus sécuritaires, responsables et éthiques chez les PA ont trait, notamment, aux individus (ex. : compétence numérique), au numérique (ex. : utilisabilité) et à la société (ex. : âgisme). Pour soutenir le développement d’une compétence numérique chez les PA, un jeu sérieux est conçu, implanté et évalué pour et avec elles et leurs organisations. En jouant à ce jeu, les PA seront plus à même de saisir les avantages, les risques et les enjeux associés au numérique. Cependant, il faut se garder de penser que l’utilisation des services en ligne incombe aux PA, qu’elles n’ont qu’à développer leur compétence numérique. L’inclusion numérique relève tout autant d’une responsabilité collective. |
16:25 |
Être influenceuses seniors en Chine : les dynamiques de l'engagement en ligne au vieil âge en contexte politique contraint
* Justine Rochot, Centre d'Etudes Français sur la Chine Contemporaine (CEFC, UMIFRE 18, MEAE/CNRS), Hong Kong Les influenceurs seniors – ou « grandfluenceurs » – s’imposent depuis quelques années comme nouveaux acteurs incontournables de l’économie numérique mondiale : en Italie, au Canada, à Taiwan ou en Inde, ils apparaissent de manière croissante sur les réseaux sociaux et y bouleversent certaines représentations conventionnelles de la vieillesse. La Chine ne fait pas exception face à cette tendance. Depuis la fin des années 2010, ceux que l’on appelle en chinois les laonian wanghong (les « personnes âgées rouges en ligne ») ont émergé sur les réseaux sociaux chinois comme Weixin, Douyin, Kuaishou, Bilibili ou Xiaohongshu, où les plus connus cumulent des dizaines de millions d’abonnés. La recherche sur les influenceurs seniors en Chine se focalise généralement sur l’analyse très générale de la diversité d’âge et sociale de ces influenceurs séniors et des types de contenus produits par eux sur les plateformes de vidéo courtes. Ces recherches négligent toutefois l’analyse plus fine de la vie-même de ces comptes : leurs publics et ses évolutions, les processus menant les seniors à s’engager en ligne, et les contraintes politiques et modèles économiques avec lesquels ceux-ci doivent composer dans le contexte de la Chine contemporaine. Cette intervention reviendra sur ces éléments négligés via l’analyse comparée de deux comptes producteurs d’influenceuses seniors en Chine : « la Vieille Pékinoise a Quelque Chose à Dire » (), apparue en 2016 sur Weixin et décrit comme un espace d’expression de l’intérêt collectif des aînés ; et les « Fashion Grannies » (), nées en 2019 sur Douyin, et mettant en scène des femmes âgées reconverties dans le mannequinat senior. Chacun de ces comptes a donné lieu à une analyse détaillée sur une période d’environ 3 ans (2016-2019 et 2019-2022), complétée par des entretiens et la consultation d’articles de presse et de rapports d’entreprises chinoises spécialisées dans le marketing senior. À travers la présentation de ces comptes et leurs évolutions temporelles réciproques, on montrera que les espaces de l’émancipation des aînés peuvent parfois prendre des visages inattendus. |