Session Overview |
Wednesday, June 05 |
10:30 |
Les changements dans la dynamique entre le vieillissement des populations et le vieillissement individuel avec l'augmentation de la longévité humaine
* Jean-Marie Robine, INSERM & EPHE, France Depuis plus de 100 ans la population vieillit, non pas à cause d’une diminution des naissances mais parce que les personnes âgées vivent de plus en plus longtemps. Cette augmentation progressive de la longévité, qui a fait passer l’espérance de vie à 65 ans d’une dizaine d’années en 1900 à plus de 20 années aujourd’hui, a entrainé des bouleversements dans les trajectoires du vieillissement et leur perception. A la quantité s’est ajoutée la qualité des années vécues. Avec la prise de conscience du vieillissement des populations et les craintes que cela pouvait générer, le vieillissement individuel a gagné des adjectifs tel que vieillissement actif lorsque les craintes portaient sur l’afflux des retraités. Les termes de vieillissement en bonne santé ont été introduits lorsque les craintes portaient sur l’augmentation des dépenses de santé. Avec l’augmentation de la longévité, le terme « les personnes âgées » a perdu de sa pertinence. Le terme américain, les oldest old, a gagné une reconnaissance internationale. Le segment de population identifié par « les 65 ans et plus » recouvre désormais au moins deux générations, les grands parents et les arrières grands parents mais il semble impossible de passer du modèle de population des Nations unies qui continuent d’opposer les jeunes, les adultes et les personnes âgées à un modèle qui contiendrait plus de trois groupes de population. Pourtant aujourd’hui, ce quatrième âge inquiète. Il est à l’origine de la montée en puissance des notions de dépendance ou de perte d’autonomie. Il est à l’origine de la notion de fragilité qui mobilise beaucoup de gérontologues aujourd’hui. Cette présentation vise à mettre en parallèle les évolutions démographiques et épidémiologiques, en particulier depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, avec les préoccupations des politiques publiques et le sens donné au cours du temps aux différents qualificatifs du vieillissement individuel, actif, réussi, ou en bonne santé. |
10:50 |
Vieillir comme religieux, comme moine ou comme prêtre. Vieillissement des clercs catholiques et adaptation des modes de vie.
* Laurent Amiotte-Suchet, Haute école de santé Vaud, Switzerland Au sein des sociétés sécularisées, religieux, moines et prêtres vieillissement dans des contextes spécifiques, où s’agencent différemment les relations entre l’État, l’Église et la communauté (religieuse, paroissiale, communale…). Si tous espèrent pouvoir continuer de vieillir chez eux (dans le couvent, le monastère ou le presbytère), ils doivent adapter leur mode de vie, renoncer à certains aspects de leur quotidien ou masquer certaines fragilités afin de conserver leur chez soi. |
11:10 |
Pour que GRIS soit arc-en-ciel: Des outils pour nos populations vieillissantes 2SLGBTQ+
* Samuell Beaudoin, GRIS Estrie, Canada Les personnes aînées 2SLGBT+ demeurant dans les résidences privées pour aînés (RPA) vivent des enjeux uniques en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. En plus de souffrir d’isolement social, plusieurs retournent « dans le placard » par soucis de sécurité (Beauchamp, 2018). La discrimination LGBTQphobe persiste dans le réseau de la santé et des services sociaux, et ces violences peuvent être perpétuées par le milieu, par le personnel ou par les autres résidents (Beaulieu, Carbonneau, Levasseur, & Falardeau, 2021; Beaulieu, Leboeuf, & Calvé, 2016). Le GRIS Estrie s’est mobilisé pour lancer un projet de niveau régional subventionné par Québec ami des aînés (QADA) afin que les RPA deviennent plus inclusifs à la diversité. Ce projet s’intitule Pour que GRIS soit arc-en-ciel. Depuis décembre 2023, il y a l’obligation de mettre sur pied un comité de milieu de vie dans les RPA de 100 personnes et plus, dont la fonction de protéger les droits et les intérêts des résident.es (Gouvernement du Québec, 2022). Le projet Pour que GRIS soit arc-en-ciel veut alors utiliser ces comités comme leviers afin d’augmenter l’acceptation des personnes aînées 2SLGBT+. Ce projet, qui a reçu une subvention de près de 300 000$, se déploierait sur deux ans avec la possibilité de se prolonger sur une troisième année. Il vise à briser l’isolement des aîné.es 2SLGBT+, à augmenter la participation sociale des résidents pour lutter contre la stigmatisation et de rendre RPA autonomes à inclure les aîné.es 2SLGBT+ dans une perspective d’empowerment. La mise en œuvre se ferait en trois étapes au cours desquelles un certain nombre de RPA sera ciblé et divisé en groupe. Chaque groupe recevra des interventions distinctes de manière séquentielle. Lors du Groupe A, il va y avoir une campagne de sensibilisation, des conférences sur les réalités 2SLGBT+, en plus de la création d’un réseau en ligne pour les résidents 2SLGBT+. Lors du Groupe B, il va y avoir des ateliers de discussions et des dîner-conférence. Lors du Groupe C, une formation sera donnée aux membres des comités de milieu et celleux-ci seront accompagné.es pour assurer l’automisation. |
11:30 |
Déprise et recompositions des relations chez les gays et lesbiennes de 60 ans et plus vivant en France
* Jeanne du Roure, Ecole des hautes études en sciences sociales / Centre d'étude des mouvements sociaux, France Cette communication questionnera la déprise et les recompositions des relations chez les gays et lesbiennes de 60 ans et plus, en France. A partir d’une recherche par entretiens, on se demandera comment des individus qui ont connu des trajectoires de vie non-normées entrent dans la vieillesse et la sillonnent. Trois approches seront mobilisées, analysées sous l’angle du parcours de vie. D’abord, la négociation de la reconfiguration des rôles sociaux occasionnée par le vieillissement (retraite, grand-parentalité, veuvage…). Chez les gays et lesbiennes, ces transitions se jouent autrement, avec en leur centre la question de la reconnaissance : celle construite au cours de la vie (une parentalité hors norme par exemple, menant à des formes de grand-parentalité inédites), ou récemment rendue possible (autorisation du mariage et de l’adoption depuis 2013), qui sont différemment investies selon la classe et le genre. La deuxième approche interrogera doublement le lien entre vieillissement et recomposition des relations, à l’aune de la notion de déprise. Il sera ainsi question de ce que l’avancée en âge fait au rapport à autrui à travers les sélections, les constructions et les pertes, mais aussi de ce que les relations permettent de faire face au vieillissement. La stigmatisation (anticipée ou vécue) qu’ont connue les gays et lesbiennes aujourd’hui âgé.es a ainsi contribué à l’élaboration de ressources relationnelles spécifiques, notamment à travers des réseaux amicaux et communautaires particulièrement investis qui peuvent être mobilisés à l’heure de la vieillesse, apportant une alternative aux sources d’aide et de solidarité plus traditionnelles. Enfin, on abordera le cheminement personnel et corporel des homosexuel.les âgé.es à travers la vieillesse. En se plaçant cette fois à l’échelle de l’individu, on questionnera les travaux faisant état d’une meilleure adaptation au vieillissement des gays et lesbiennes, grâce à des « compétences de crise » développées suite à une exposition durable à la stigmatisation. |