Session Overview |
Thursday, June 06 |
10:30 |
Les réfractaires du désert de La Posa, Arizona : fuir le travail, s'affranchir du prix de l'espace
* David Frati, Université Paris 1 - Labex DynamiTe, France CeUe communica?on présentera l’ouvrage issu d’un travail de thèse réalisé près de la ville de Quartzsite, dans le désert de La Posa, en Arizona, auprès de retraités vivant en camping-car. Alors que j’étais ini?alement venu à La Posa pour étudier des retraités venant profiter de la douceur de l’hiver en Arizona, je n’ai pas tant rencontré des snowbirds que ce que j’ai appelé des réfractaires : des personnes âgées qui ont quiUé le travail salarié avant 64 ans et qui ont choisi, pour faire face aux difficultés financières, de quiUer la sédentarité et de vivre en camping-car. L’espace qu’ils occupent chaque hiver est une réserve naturelle (Long Term Visitor Area, LTVA) administrée par le Bureau of Land Management (BLM) dans laquelle il est possible de vivre sept mois par an, de septembre à avril, contre seulement 180 $ pour toute la saison. Alors que l’agence locale du BLM considère ces occupants comme des touristes qui profitent des terres publiques de l’Ouest pour leur plaisir, le ministère de l’Intérieur, tutelle du BLM, considère pour sa part, que le BLM offre des possibilité de logement à moindre coût à des citoyens, ce qui produirait une concurrence déloyale au marché des RV parks pour snowbirds. C’est dans ceUe ambiguïté quant au statut des occupants — ni touristes ni habitants — que se forme la brèche dans laquelle les réfractaires s’engouffrent pour échapper au caractère payant de l’espace. La communica?on s’efforcera ainsi d’expliciter ce qui amène les réfractaires, popula?on par?culière de snowbirds, à habiter le désert de La Posa, espace unique aux États-Unis, et ce que cela permet en termes d’appropria?on collec?ve de l’espace et de formes par?culières de vie quo?dienne qui s’y développent par rapport à ce qui est proposé aux personnes âgées dans les villes des États-Unis contemporains. |
10:50 |
Habitats participatifs seniors : Quelles dynamiques des liens interpersonnels ?
* Corinne Madoumier-Moriceau, Université Grenoble Alpes, France Depuis le milieu des années 2000, les habitats participatifs attirent de plus en plus de seniors. Cet intérêt grandissant des seniors pour ce type d’habitat repose, le plus souvent, sur le besoin de protection « vieillir ensemble » et d’autonomie « chacun chez soi ». A partir d’une enquête menée dans le cadre d’une recherche de doctorat sur les recompositions des sociabilités des seniors qui s’inscrivent dans un tel projet, cette communication interroge plus particulièrement l’évolution des liens interpersonnels entre voisins d’habitats participatifs au fil de l'avancée du projet et de l’âge. Nous montrons que l'intensité des liens interpersonnels évolue durant toute la progression du projet et distinguons trois phases décisives : la genèse, la gestation et la « vie commune ». La genèse se déroule depuis l’émergence de l’idée jusqu’au choix du foncier et/ou au dépôt des statuts de la structure porteuse. Elle se caractérise par des liens forts basés sur l’amitié et l’idéologie partagée entre les membres fondateurs. La période de gestation qui suit prend fin au moment de l’entrée dans les lieux. Durant cette phase nous observons que les liens se renforcent malgré des divergences et l’arrivée de nouvelles personnes. Enfin, la « vie commune » qui s’étend de l’installation jusqu’au moment de l’enquête révèle soit une stabilité, soit une intensification ou encore un délitement des liens. Nous en concluons que les liens interpersonnels des seniors, loin d’être figés et linéaires, se tissent et évoluent au gré des contextes sociaux et des événements. |
11:10 |
Vieillir en institution en Algérie avant et pendant la pandémie Covid-19 : quels enjeux ?
* Karima Bouaziz, Université d'Alger 2, Algeria En Algérie, vieillir en institution ne concerne qu’une part infime de la population âgée totale. Cela traduit une situation de vulnérabilité reflétant une extrême précarisation sociale et économique qui la plupart du temps s’est construite tout au long du parcours de vie. L’histoire de l’accueil des personnes âgées dans des établissements spécialisés chemine en parallèle avec l’évolution de la société algérienne (Bouaziz, 2018). Longtemps, le mode de vie et les solidarités familiales ont fait que les personnes âgées demeuraient au sein de leur famille jusqu’au terme de leur vie, les aidant à faire face à une éventuelle dégradation de leur état physique et mental. Néanmoins, une part de cette catégorie de population se retrouve en situation de précarité et sans soutien. La prise en charge institutionnelle est ainsi pensée en tant qu’ultime recours selon la loi relative à la protection des personnes âgées promulguée en 2010 qui a pour objet de renforcer la protection des personnes âgées et de préserver leur dignité dans le cadre de la solidarité nationale, familiale et intergénérationnelle. Le présent papier se propose de présenter et analyser la situation des personnes âgées vivant dans ces structures d’accueil en temps normal et pendant la crise sanitaire de Covid-19. Dans un premier temps, nous exposerons le cadre général de la prise en charge institutionnelle de la vieillesse en Algérie. Sont étudiés le mode de fonctionnement des structures d’accueil pour personnes âgées, les ressources humaines et matérielles disponibles ainsi que les caractéristiques médico-sociales des pensionnaires accueillis au niveau national. Dans un deuxième temps, nous examinerons les expériences personnelles vécues et les parcours de vie de personnes âgées hébergées dans ces institutions afin d’identifier les formes de vulnérabilités auxquelles elles ont été et sont exposées. Pour cela, l’approche qualitative a été privilégiée à l’aide d’entrevues individuelles semi-dirigées réalisées au niveau des foyers d’accueil des personnes âgées dans la wilaya d’Alger. Enfin, dans un dernier temps, nous aborderons les dispositifs de gestion et de protection mis en place par ces institutions face à la pandémie de Covid-19 afin de comprendre comment la vie et l’accompagnement des résidents s’en sont trouvés modifiés. |
11:30 |
Les demandes conjointes au Tribunal administratif du logement : droit exclusif des personnes vivant en résidence privée pour aînés
* Hélène Guay, Hélène Guay, avocate, Canada En 2020, une réforme a pris place en droit du logement au Québec. Un nouveau recours naît pour les personnes vivant en résidence privée pour aînés (RPA) : la « demande conjointe ». Cette procédure permet aux résidents de RPA d’être entendus collectivement plutôt qu'individuellement devant le Tribunal administratif du logement (TAL) dans le cadre d’une demande de diminution de loyer. En mars 2020, la pandémie de CoVID-19 entraîne l’arrêt de plusieurs services prévus aux baux des résidents en RPA. Les services sont interrompus ou carrément cessés. Les résidents continuent de payer pour les services sans toutefois être remboursés par les exploitants des RPA. Au printemps 2021, les premières demandes conjointes sont déposées au TAL. Elles visent le remboursement pour les services payés mais non rendus ou une diminution de loyer. Les exploitants adoptent une position de défense commune. Ils s’opposent à toutes les demandes conjointes. Ils soutiennent que la Loi sur la santé publique leur confère une immunité à l’égard des demandes en remboursement des locataires. Ils invoquent que la fermeture des lieux de l’immeuble où se trouvent les services découle de la pandémie et des directives ministérielles, et que résidents n’ont pas subi de perte réelle et significative des lieux loués. En septembre 2022, une première demande conjointe regroupant près de 200 locataires aînés est entendue. Le TAL accueille la demande. Les exploitants contestent le jugement. Toutes les autres demandes conjointes sont suspendues en attente de la décision en appel du jugement. La suspension des demandes conjointes – 44 à ce jour - comporte des conséquences directes pour les locataires aînés : déménagement, décès, découragement. La décision d’appel est attendue au printemps 2024. L’expérience professionnelle ayant trait aux demandes conjointes déposées depuis 2021 nous enseigne plusieurs caractéristiques. L’expérience nous permet de tirer des constats et des enseignements en matière de logement pour les aînés vivant en RPA. Mise à rude épreuve, la demande conjointe demeure une procédure nouvelle et nécessaire pour les droits des aînés en logement privé au Québec. |